Exemple de rêve éveillé

Ci-après le premier rêve éveillé d’un homme de cinquante ans :

Je vois rien du tout.
Je pense à la canne de tout à l’heure et une autre canne, canne en bois, peut-être un peu plus solide que celle du rêve précédent, même nettement plus solide.
Je pense à ma mère, morte il y a à peu près un an. Sa mort m’a beaucoup touché. Un peu tard... Je reste sur le visage de ma mère, je vois pas grand chose.
Je pense à ma fille, mon fils. Je pense à la fille objet de mes préoccupations, à son ex, qui était mon rival dans cette relation. Bon. Aux anciens amis militants.

J’ai l’impression que tout ça ça dessine un cercle. J’ai formé un cercle qui part du centre, de ma mère, toutes ces personnes en partant du haut, un cercle qui s’élargit. Il n’est pas fermé, il reste ouvert, il s’arrête là, informel, à compléter.
Le cercle devient une corne de bélier, une spirale en trois dimensions au lieu de deux, elle s’éloigne de moi et se rapproche, la partie large s’approche, l’autre (de ma mère) s’éloigne à l’infini.
On est dans une ligne droite directe tendue de moi vers l’infini, une ligne de force partant de mon front.
Peut-être je viens de voir une explosion nucléaire. Une explosion centrale. Une petite lumière bleue. Je vois cette petite lumière bleue informelle. Un brouillard bleu.
J’ai très envie de pleurer depuis un an pour un rien. Je sens là l’envie de pleurer.

Je ne vois rien, j’arrête pas de penser.

Je vois l’armoire de famille, grosse armoire, de ma grand-mère, de la famille, maison où j’ai connu des femmes. Ça me fait sourire, c’est sympa. C’était l’enfance, c’était des bons moments. Je m’imagine jouer au ballon, avec ma petite tête de petit garçon, souriant, enjoué et jovial. Ça me fait du bien, ça me fait plaisir. Je me suis pris le ballon dans la tête. C’est une provocation. La réponse, c’est un grand sourire. J’ai envie de renvoyer la balle mais aussi de la prendre dans mes bras, de lui faire un câlin.
En fait, j’aime bien ce petit garçon, il se trouve que c’est moi en fait, je ne savais pas que je pouvais avoir ce sentiment pour moi en direct. En fait, j’ai envie de le prendre dans mes bras comme n’importe quel petit garçon, sauf que ce petit garçon c’est moi. C’est bizarre. (pleurs)
Il me saute dessus et m’entoure avec ses bras. Ça pourrait être mon fils. (pleurs)
En fait, ce petit garçon, je l’ai vu sur une photo d’un album de souvenirs, sur cette photo je donne la main à mon père, mon père se marre et moi je souris aussi. En fait je suis un imbécile, mon père m’adorait. (pleurs)
Je revois une image d’un rêve récurrent quand j’avais douze ans, il représentait une automobile qui s’éloignait sur la route. Je savais que c’était la voiture de mon grand-père. Ça me fait penser à ma grand-mère. Sa maison où j’allais en vacances. La famille de mon père. Les cousins. Souvenirs d’enfance.
Je repense au petit garçon, moi petit, une période de ma vie où j’étais capable de m’aimer et... (silence).

A partir du haut du buste, l’endroit où on prend quelqu’un dans ses bras, cette partie-là que j’aime chez moi, rayonner de cette partie-là.


Cet exemple de rêve éveillé est intéressant car il présente quelques mouvements que l’on peut retrouver dans ces créations :
 Au commencement, rien, un lien avec la conversation qui vient d’avoir lieu, des pensées (l’intellect garde la main).
 Puis des formes caractéristiques de l’émergence d’une énergie interne se multiplient : un cercle qui part du centre, une spirale, une explosion centrale, une lumière bleue (l’inconscient prend la main).
 Enfin un scénario se présente, basé sur des souvenirs d’enfance dans le cas présent, uniquement sur des images oniriques le plus souvent. Ces images permettent de reconnaître l’amour du père, cet amour qui a manqué dans le passé, redécouvert dans le présent.
 Je souligne également cette conclusion, conséquence de l’expérience du rêve : s’aimer soi-même, rayonner de tout son cœur, en ressentir le désir, le faire.